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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/24

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.
5. — Dom Côme à Bussy.
À Paris, ce 7 novembre 1666.

Si vos intérêts ne m’étoient pas plus chers que les miens, monsieur, vous m’obligeriez à discontinuer les prières que je fais pour votre santé, puisque vous avouez que vous pensez moins à moi étant sain que quand vous êtes malade. Je sais bien l’avantage qu’il y a d’être dans l’honneur de votre souvenir, aussi ferois-je bien des choses pour m’y conserver ; mais je ne suis pas assez injuste pour me considérer en cette rencontre plus que vous-même. Vous penserez à moi quand il vous plaira, ce sera un don gratuit que je tiendrai de votre seule bonté, et sans rien espérer de vous par mérite, je vous promets, monsieur, de penser à vous tous les jours de ma vie, au moins une fois, qui sera à l’autel. J’y parlerai à Dieu de tous vos intérêts, je lui demanderai de tout le zèle dont je suis capable qu’il tire des fruits de si belles fleurs de grâce que j’ai vu naître dans votre cœur. Vous savez qu’il n’a rien promis qu’à la persévérance et qu’un pas en arrière dans les voies du salut est une dangereuse démarche. Vous m’avez permis, monsieur, de vous prêcher, je n’en abuserai pas : mes sermons seront courts, mais je ne bornerai jamais la passion que j’ai d’être plus que personne, etc.

6. — La marquise de Gouville[1] au comte de Bussy.
À Paris, ce 10 novembre 1666.

Vous êtes un ingrat de vous plaindre de moi. J’appelle

  1. Lucie de Cotentin de Tourville, femme de Michel d’Argouges, marquis de Gouville. Elle avait été la maîtresse du duc de Caudale et