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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/26

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.
7. — Bussy à madame de Gouville.
À Bussy, ce 14 novembre 1666.

Rien au monde n’est plus obligeant que ce que vous venez de faire pour moi, madame. Quoi ! dans le temps qu’on vous vole, vous songez à la réponse que vous me devez ! Je vous avoue que je ne suis point assez modeste pour n’en avoir point de vanité. Ce n’est pas, madame, que qui ne se voudroit pas flatter ne pût attribuer la liberté d’esprit que vous eûtes alors à votre fermeté naturelle ou au peu que vous aviez à perdre. Mais je ne suis pas assez ingénieux à me faire du mal pour prendre la chose ainsi. Je veux croire de bonne foi, comme vous me le mandez, que vous mouriez de peur, et j’y ajoute que vous aviez toutes vos pierreries ce soir-là sous un des coussins de votre carrosse. Jugez après cela, madame, si je vous sais bon gré d’avoir redemandé ma lettre à ceux qui vous volèrent, et combien je serois reconnoissant d’une plus grande faveur si vous me l’aviez faite.

8. — Bussy à madame de Sévigné.
À Forléans, ce 21 novembre 1666.

Je fus hier à Bourbilly[1]. Jamais je n’ai été si surpris, ma belle cousine. Je trouvai cette maison belle ; et quand j’en cherchai la raison, après le mépris que j’en avois fait il y a deux ans, il me sembla que cela venoit de votre absence.

  1. Le château de Bourbilly, appartenant à la branche aînée des Rabutins, était alors la propriété de madame de Sévigné. Il est situé à deux lieues sud-ouest de Semur. Cf. Walckenaer, Mémoires sur madame de Sévigné, t.  1, p. 1.