En effet, vous et mademoiselle de Sévigné enlaidissez ce qui vous environne, et vous fîtes ce tour-là, il y a deux ans, à votre maison. Il n’y a rien de si vrai ; et je vous donne avis que si vous la vendez jamais, vous fassiez ce marché par procureur, car votre présence en diminueroit fort le prix.
En arrivant, le soleil, qu’on n’avoit pas vu depuis deux jours, commença de paroître, et lui et votre fermier firent fort bien l’honneur de la maison ; celui-ci, en me faisant une bonne collation, et l’autre en dorant toutes les chambres, que les Christophle[1] et les Guy[2] s’étoient contentés de tapisser de leurs armes. J’y étois allé en famille, qui fut aussi satisfaite de cette maison que moi. Les Rabutins vivants voyant tant d’écussons s’estimèrent encore davantage, connoissant par là le cas que les Rabutins morts faisoient de leur maison. Mais l’éclat de rire nous prit à tous quand nous vîmes le bon Christophle à genoux, qui, après avoir mis ses armes en mille endroits et en mille manières différentes, s’en étoit fait faire un habit. Il est vrai que c’est pousser l’amour de son nom aussi loin qu’il peut aller. Vous croyez bien, ma belle cousine, que Christophle avoit un cachet, et que ses armes étoient sur sa vaisselle, sur les housses de ses chevaux et sur son carrosse. Pour moi, j’en mettrois mes mains dans le feu.
Je ne sais quand j’irai à Paris, monsieur ; il n’y a que Dieu qui le sache. Quoique vous en puissiez croire, je