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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/28

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

vous assure que je ne m’ennuie point ici. Mademoiselle y a été deux jours avec la comtesse de Fiesque[1], qui me promit qu’elle vous manderoit tout ce qu’on avoit fait ici. Je ne vous en dirai donc rien : aussi bien ne faites-vous pas grand cas de tous ces divertissements de province. Vous ferez bien, quand vous irez à Paris, de ne vous pas loger près de la Bastille, et même de ne jamais la voir, si vous pouvez.

10. — Le duc de Saint-Aignan[2] à Bussy.
Au Havre, ce 29 décembre 1666.

Après la joie que la nouvelle de votre liberté et votre lettre m’avoient donnée, il ne me falloit pas une moindre douleur que celle de la perte que je viens de faire pour la modérer. J’ai perdu un fils d’un grand mérite[3], si je l’ose dire ; mais il me reste un ami en vous, que je préfère à des trésors.

  1. Gillonne d’Harcourt, veuve du marquis de Piennes, épousa en secondes noces Charles-Léon, comte de Fiesque. Elle mourut en 1699, à 80 ans. On l’appelait la reine Gillette, et madame Cornuel disait qu’elle était un moulin à paroles. Bussy a tracé son portrait dans l’Histoire amoureuse des Gaules (Mémoires, t.  II, Appendice, p. 131 et suiv.). Sa mère, Anne le Veneur, avait été gouvernante de Mademoiselle, à laquelle la comtesse resta attachée. Voy. sur elle Saint-Simon (édit. Hachette), t.  II, p. 321, les Mémoires de mademoiselle de Montpensier, et la Correspondance de madame de Sévigné, passim.
  2. François de Beauvillier, comte, puis premier duc (1663) de Saint Aignan, premier gentilhomme de la chambre du roi, membre de l’Académie française, mort en 1687. Voy. sur la mésaventure arrivée à sa fille, abbesse de la Joie, Saint-Simon, t.  III, p. 195. — Cf. ibid., année 1714, t.  XI, p 187, et les Mémoires de Bussy, passim.
  3. François de Beauvillier, comte de Seri, fils aîné du duc de Saint-Aignan, né en 1639, mort le 1er octobre 1866.