Page:Racan Tome I.djvu/385

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sur les livres le peu de vigueur qui vous reste pour acquérir l’éternité, et renoncez aux délices d’une vie essentielle pour une imaginaire dont vous ne jouirez que par procureur. Pour moi, après avoir dit en vers :

Que pour eux seulement les dieux ont fait la gloire,
Et pour nous les plaisirs,

je ne suis pas résolu de m’en dédire en prose, mais plus tost, suivant cette opinion, rejetter tous les conseils que la vanité me donne au contraire, pour recevoir ceux de la raison et de la nature, et tâcher de faire en sorte qu’Arténice et Clorys aient meilleure opinion de moy que M. de Malherbe. Adieu, Monsieur, je vous escris à mon ordinaire, c’est-à-dire sans soin et sans méditation. Si vous me vouliez contraindre d’en user d’autre sorte, j’appréhenderois autant vos lettres que les compagnies cérémonieuses pour qui l’on est obligé de mettre toute une basse-court à feu et à sang pour les recevoir. Si vous voulez donc que nous continuions longtemps ce commerce, je vous supplie de trouver bon que je vive aussi librement avecque vous que je vis avecque M. de Malherbe, etc.