Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/46

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m’énerve ; je vais leur parler d’autre chose.

Comme elle se dirigeait du côté du piano pour demander une valse au beau Guy, un domestique annonça quelqu’un.

La fête n’étant qu’une sauterie à propos de l’anniversaire de naissance de Berthe et étant donné juste le jour de ses réceptions habituelles, il n’y avait pas eu d’invitations lancées.

Le nom qui retentit fit retourner Berthe.

— Comte Maxime de Bryon ! pensa-t-elle… connais pas…

Son mari se précipita.

— Mille fois aimable… cher ami… Berthe, je vous présente un camarade nouvellement élu à mon Cercle. C’est lui qui m’a vendu Caderousse, notre magnifique alezan… Tiens !… vous avez mauvaise mine, comte, qu’y a-t-il donc ?…

Et avant que le comte de Bryon ait pu répondre, Berthe, qui l’examinait curieusement, poussa une exclamation d’horreur.

La magnétisée, en proie à une crise de nerfs, fut rejetée dans un coin, les femmes se levèrent en tumulte, les hommes laissèrent tomber leurs écrans…

Le comte de Bryon restait debout et muet.

C’était un garçon de vingt-cinq ans, très élancé, ayant l’œil sombre, des cheveux noirs, légèrement bouclés, un profil aristocratique. Pas un poil de barbe, mais une fossette creusée dans son menton allongé, indiquait chez lui la note sentimentale.