Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/81

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puyer encore contre le soyeux damas du landau. Où allait-elle, avec toutes ses fleurs d’oranger ?

Elle considérait ce qui lui arrivait comme une ivresse passagère. Sûrement on lui avait fait boire un vin extraordinaire, au déjeuner. La mère partie, pleurant à chaudes larmes, s’effaçait de son souvenir.

Jean lui dit d’une voix douce presque basse :

— Est-il bien vrai, mon amour, que tu veux te promener au Bois aujourd’hui ?

Elle répondit, très vite :

— Oui, Monsieur, parce que j’ai bien envie de me promener en voiture, pour montrer ma robe de mariée… maman m’a dit qu’on le faisait quand on était riche !…

— Tu m’appelles « Monsieur », murmura Jean, qui l’entoura de ses bras,… est-ce que tu ne m’aimerais plus ?… Soit… nous irons au Bois… mais cela ne se fait jamais, ma mignonne, et c’est d’un vilain goût. Nous laisserons donc le landau fermé… Tu sais que nous partons ce soir pour l’Italie ?

— Je ne sais rien, Jean… j’ai très peur…

Et elle se renversait, inconsciente, les yeux clos par une langueur étrange.

Il ne fut plus prononcé un mot durant la promenade, Berthe ne montra pas sa robe, mais, en revanche, le chagrin de sa mère lui revint sans doute à la mémoire, car au moment où le landau s’engageait sous les frondaisons épaisses, elle eut des sanglots convulsifs,

Quelque temps après elle avouait cependant que