Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/128

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plant les étoiles, aussi nombreuses que les agonies des cœurs coupables.

Elle aimait ! Elle aimait ! Elle possédait tous les désirs sataniques et toutes les puretés des anges…

Comment lui offrirait-elle sa pauvre personne flétrie ?

Jouerait-elle une comédie d’autant plus provocante qu’elle saurait la pimenter de toutes les sciences du refus, ou lui dirait-elle la vérité, pour se mieux livrer, se mieux anéantir dans la brutale caresse du mâle en furie, qui la tuerait en lui pardonnant.

Elle y pensait sans cesse, à cette sinistre nuit des noces ! Et elle activait, autour d’elle, une flamme qui, peut-être, devait la dévorer cette nuit-là.

Quant à Lucien Séchard, elle ne se souvenait même pas de ses droits… Puisqu’il ne les avait pas fait valoir tout de suite, c’est qu’il méditait une scène ridicule, et elle se chargeait bien d’en détruire l’effet le soir du jour solennel… Non, Lucien n’oserait pas. D’ailleurs il ne détenait aucune preuve.

Chaque fois qu’elle passait devant l’étude, le clerc se précipitait, fermait la porte pour ne plus s’exposer à une rencontre. Elle avait rompu définitivement. Encore une semaine, et Lucien Séchard disparaîtrait, elle serait libre…

Une fois, Henri Alban lui avait dit, parlant du borgne :