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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/136

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des cartons, des tiroirs aux relents fades et des livres à reliure de cuivre ; puis Lucien Séchard consulta sa montre.

— J’ai encore quelques minutes, dit-il, car je ne sors d’ici qu’à cinq heures et ma journée d’aujourd’hui m’est payée jusqu’au soir. Oh ! le patron sera servi rubis sur l’ongle, je vous le promets… j’attendrai l’heure, comme toujours…

Henri, bien installé dans le fauteuil de M. Lordès, hocha le front pour approuver ce scrupule. Son cigare était excellent, et il ne se souciait pas de rejoindre ces dames au piano. On causerait des affaires un brin en attendant l’heure de la sortie réglementaire de cet honnête garçon.

— Donc, monsieur, j’ai juste le temps de vous instruire du reste, poursuivit Lucien s’asseyant devant le jeune homme et penchant son visage sur sa poitrine, selon sa coutume, dès qu’il se trouvait en face de quelqu’un.

— Du reste ? répéta machinalement Henri croisant la jambe.

Que signifiait ce mot qu’il avait accentué ? Est-ce que leur étude présentait des coins obscurs ? Allait-il lui narrer l’histoire d’un testament fantastique, lui donner des conseils charitables à propos de certaine manie dangereuse du patron ? Mon Dieu, ce clerc était d’une exactitude troublante.

— Je vous écoute, mon ami, ajouta Henri analysant la mine piteuse du borgne et se convainquant