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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/183

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— Allons donc, s’écria Henri s’impatientant, il y a des femmes qui ont des remords à défaut de dignité.

— Voyons, Henri, ma mère m’avait chassée de chez nous, elle ne me considérait plus comme sa fille… Cependant, pour te plaire, je veux bien me mettre en deuil, mais je ne possède pas un morceau d’étoffe noire, et je n’aime guère à te demander de l’argent…

— Me reproches-tu de te laisser manquer de robes ? dit le jeune homme d’un ton sec, en secouant des cendres sur un coussin.

— Non, je n’ai besoin de rien… au contraire, je te remercie.

Henri s’absorba un instant dans ses réflexions, et il reprit, les traits durs, les yeux fixes :

— Je ne suis pas un prince. Un deuil comme celui-là se porte intérieurement, et tu avoues que tu t’en moques… Alors, pourquoi me mêlerais-je de tes affaires de famille !

Hochant la tête, Henri tira de nouvelles bouffées.

— Un singulier curé, tout de même, ajouta-t-il, ce curé d’Estérac ! je le croyais plus sérieux. Il cherche à marier des filles suspectes et leur envoie des nouvelles de leur pays… Quand il était tout jeune, il avait une terrible imagination… Oh ! l’imagination !

Et Henri eut un geste railleur.

— Il a été bon pour moi, murmura Laure.

— Enfin, je crois qu’il est nécessaire d’aller faire