Laure, la sauvage, ne voulait plus sortir ; elle craignait d’agripper encore un homme, au détour d’une rue, elle ne voulait plus s’habiller parce que des glaces la reflétaient au détour de sa chambre, et elle n’osait plus s’agiter de peur de se sentir belle.
Le trentième jour de cet emprisonnement volontaire, Laure prononça le nom d’Henri tout haut sans tressaillir. Comme on balaye une brindille importune, elle jeta ce nom, distraitement, à l’abîme de ses souvenirs d’enfance. Henri, c’était maintenant aussi vieux que tous les amants lilliputiens qu’elle s’était offerts jadis sous les angéliques monstrueuses de la maison paternelle… Seulement, ce caprice ayant saisi son cœur au lieu de remuer ses sens, elle en gardait une douleur au lieu d’en garder une simple émotion d’entrailles. Oui, elle tromperait celui-là comme elle avait trompé ces pauvres gamins, seulement ce serait elle qui en souffrirait, voilà tout, et elle ne le lui dirait que tout à fait forcée de le lui dire… L’honnêteté de son amour était une duperie vis-à-vis d’un indifférent ; elle serait désormais moins honnête, et, qui sait ! Henri l’aimerait peut-être davantage s’il revenait !
Ce soir-là, elle joua longtemps avec Lion, elle retrouva du bonheur à le caresser, à plonger ses yeux dans ces jolis trous de lumière et à lui donner des leçons de ruse comme une femelle. Le petit chat, toujours se frottant contre son huma-