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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/212

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tout simplement une voleuse que l’éclat de ses bijoux attirait ? Non, une voleuse n’est pas si belle, si prompte à rire des choses drôles… Et, navré, ce garçon rentra chez lui, se jeta sur son lit, pleurant de rage.

À la distance d’une maison, une autre créature joyeuse pleurait également, étendue sur son lit, se meurtrissant la poitrine en appelant un amant qui ne reviendrait que dans un mois !

Le lendemain matin, Laure se réveilla la tête lourde ; il était tard, très tard, puisque le soleil inondait sa couche de rayons brûlants. Une bonne journée se préparait pour elle, car elle avait dormi, oh ! dormi comme une morte ! Elle s’habilla soigneusement, l’air calme, un méchant rictus aux lèvres. Une sotte aventure, celle de la nuit : elle trouverait mieux. Ce qu’elle désirait, c’était un amour et non une folie d’une heure, elle voulait être aimée à toute force, devinant que le seul véritable aphrodisiaque de l’amour… c’est l’amour ! Henri ne l’aimait pas et il ne l’assouvirait jamais, elle n’y comptait plus, finissait par en avoir le mépris. Elle pensa que, puisqu’elle donnait au lieu de vendre, elle avait bien le droit de choisir. Ce viveur rencontré le soir du départ d’Henri ne reviendrait plus parce qu’elle lui avait semblé folle, mais elle se ferait une raison.

— Tiens, Lion, s’écria-t-elle dénouant ses cheveux pour les peigner, nous sommes deux bêtes, et l’honnêteté ça n’existe pas !