l’homme à son contact de sceptique chaste, et, qui sait ? finirait par l’aimer pour l’argent, comme il convenait dans leur situation équivoque. Une chose l’étonnait, par exemple, c’était sa bizarre clairvoyance au sujet de l’avenir qu’il lui réservait. Quel génie l’avait donc instruite de ce mariage et pourquoi lisait elle, à présent ce qu’il pensait dans ses yeux ?
Un matin, il lui dit, se frappant le front tout d’un coup :
— À propos, le curé d’Estérac est parti. On l’a » mis dans un petit village de Combes, tout près de la Bourdaisière, tu sais ! Il n’avait plus bien sa tête sur les épaules, et on l’a fourré là comme en pénitence.
— Ah ! répondit Laure qui peignait ses longs cheveux d’un air indifférent. Tu lui as fait une visite, à ton ancien camarade de collège… Avez-vous parlé de moi ensemble ?
— Jamais de la vie ! Je n’ai pas mis les pieds chez lui ! J’ai horreur des fous, moi !
— C’est terrible, en effet, murmura la jeune femme, ça ne respecte rien !…
Et Henri l’approuva d’un geste sérieux.
L’automne passa d’une manière douce, les deux amants s’entendaient pour ne pas disputer ; on éludait les questions orageuses, et on se voyait seulement aux heures des repas ou aux heures de l’amour.
— Si je m’en allais, ce serait plus digne ! songeait-elle.
Mais une sorte de mystérieuse superstition l’atta-