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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/222

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Henri lui répondait :

— Ce sont d’excellents camarades. Ils ne te feront jamais sentir l’infériorité de ta situation, je te le jure.

— Mais ils sont bêtes !

— Parce qu’ils parlent devant toi de choses hors de ta portée. Ma chère, tu deviens difficile pour une femme qui cause seulement avec son chat !

— Monsieur Landry a palpé mes cheveux toute la soirée !

— Oh ! une plaisanterie sans aucune malice. En tous les cas, je ne lui entends jamais risquer un mot léger.

— Henri, j’aimerais mieux rester dans ma chambre !

— Ce serait ridicule. On s’imaginerait que je deviens jaloux.

Elle servait le thé, découpait la brioche et mettait les liqueurs sur un plateau, puis se retirait dans un coin du petit salon, près de la cheminée, son chat blotti sur ses genoux, ne desserrant plus les lèvres. On jouait aux dominos, au piquet, en lui lançant des œillades ou des réflexions de circonstances : « Vous avez perdu, mon cher Henri… Quand on est si heureux en amour ! » — « Si mademoiselle voulait tenir ma partie, je ne demande qu’à perdre ! » Et la soirée s’écoulait, interminable, au milieu des exclamations saugrenues des hommes, forçant leur naturel pour essayer de lui faire tourner la tête. Henri, quelquefois, dis-