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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/286

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permettait la peluche, et son ample manteau loutre doublé de satin blanc la garantirait des fraîcheurs nocturnes s’il fallait aller loin.

Ainsi vêtue, la tête coiffée d’une petite toque de castor, moulée toute dans une fourrure unie, comme dans sa propre peau de monstre, son pelage de fauve furieux, sans autre bijou que l’éclair de ses yeux scintillants sous la voilette et le reflet bleuâtre de sa formidable tresse de cheveux, elle paraissait terrible, et quand elle décroisait son manteau on apercevait ce satin blanc, d’une blancheur douce de cygne, évoquant l’idée lascive d’un ventre de femelle, invitant aux voluptés subites, comme le duvet d’un nid. Elle ne se trouva pas de gants. Ils étaient tous très sales. Elle se contenta de dissimuler ses mains sous ses manches, après les avoir frottées d’une goutte de parfum découverte au fond d’une fiole. Puis, debout devant son miroir, elle s’examina, hocha le front.

C’était bien. Ses lèvres se retroussèrent, et elle se les lécha rapidement. Elle prépara une lampe, baissa les stores, n’oubliant pas de laisser le vasistas entre-bâillé pour le cas improbable où Lion viendrait à rentrer avant elle, regarda le lit, fit un geste de rage et sortit.

Dans les rues, elle marcha vite, se dirigeant de l’autre côté de l’eau, attirée, comme toutes, par la ligne flambante des grands boulevards, et elle avait, à chaque minute, d’instinct, une frayeur de la police, s’imaginant que, si elle se faisait lever comme