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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/308

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l’odeur de ses cheveux, de sa peau, la couvrant de caresses fiévreuses.

— Pourquoi pleures-tu ? demanda-t-il brusquement, fronçant les sourcils.

— Je ne sais pas ! je doute.

— De moi ?

— Non, de mon bonheur ! Il sort de l’infamie, et il n’est pas juste d’être heureux quand on est vil. Hier soir, tu m’offrais de l’argent ; ce matin, tu m’offres de l’amour… Comment veux-tu que je ne m’épouvante pas ?

— Oh ! cria-t-il, crispant les poings, ne pense pas ! je réfléchis déjà trop pour toi !… Tu es simple, reste simple ! Et que mes complications d’esprit, mes tortures cérébrales ne t’atteignent jamais. Nous nous aimons. Hors de là, point de salut. Nous n’avons pas gaspillé nos heures d’amour en préambules grotesques et en hypocrisies malsaines, voilà tout, je prends la responsabilité de ton crime. La vraie femme, selon la nature, c’est toi, sans les préjugés, sans les détours de nos sociétés modernes, sans la stupide crainte de paraître autre chose que la belle créature que tu es ! Tu as souffert, tu es donc mûre pour une passion durable ! Et d’ailleurs, si je me trompe, si tu me trahis, je peux toujours te loger une balle dans la tête, comme l’on ferait pour se défendre d’une bête devenue cruelle sous des caresses. Mais il est très logique, mon amie, de devenir méchante sous des froissements ou des injustices… Ceux que tu as trompés étaient-ils seu-