vait bien ressortir de ces différents exercices, et elle faillit tomber malade tellement sa perplexité augmenta. Quel était l’exercice dangereux ? Elle passait son temps à fouiller les dictionnaires, se remémorait des détails, des conversations de femmes, interrogeait la bonne, les couturières venant en journées, créatures toujours prêtes à narrer des histoires malpropres. Elle ne fut un peu rassurée que par une vieille mendiante qui lui dit, moitié plaisantant, moitié se fâchant, qu’on ne faisait des petits que lorsqu’on avait l’âge. Les enfants ne pouvaient pas faire des enfants, c’était une évidence. Madame Lordès s’étonna du brusque changement de conduite de sa fille. Laure se cloîtrait, dépérissait, fuyant les occasions de coquetteries, selon le précepte, mais de coquetteries spéciales, insoupçonnées chez elle. La pauvre chérie, pensait la mère, prenait trop de raison ; elle allait d’un extrême à l’autre, comme toutes les belles natures, s’enthousiasmant pour la vertu ; bientôt elle leur parlerait, sans doute, de se faire religieuse. Que de fois la mère, émue, avait contemplé sa fille récitant sa dizaine de chapelet, le matin, et que de fois, attendrie par de vieux souvenirs de lecture, la mère avait attaché des ailes blanches, d’une blancheur argentée, au dos de la petite dévote, pendant que Laure se demandait, interrompant sa prière, le regard vague :
« Suis-je oui ou non enceinte ? »
Cette hideuse crainte de la maternité, pesant de