Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/159

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ou comme qui dirait ma propriétaire, mais je n’ai pas toujours vécu là-dedans, Dieu merci. Quelle baraque ! Vous savez, c’est plein de caves, chez elle, ça s’en va presque sous la montagne, et alors, j’ai loué le plus secret de ses terriers de blaireaux, un nid où les gendarmes ne ficheront jamais leurs bottes. Ça s’ouvre dans une grotte et j’ai muré du côté de leur caverne de voleurs parce que je n’aime pas les visites, la nuit, vu que je ne suis jamais chez moi à ce moment. Pour le couvert et le manger, ça va encore, mais il y a le reste… ça me met souvent un fil à la patte. Tantôt c’est la petite rousse, l’Ida, la bonne de la mère. Fonteau, qui m’embête en me prenant à parti, tantôt, c’est le père Olibert qui m’entortille avec des combinaisons où on laisserait sa peau si on l’écoutait. Lui, c’est un pêcheur qui pêche en temps prohibé, mais s’il ne faisait que ça ! Enfin, chacun ses affaires. J’ai souvent eu l’envie de m’acheter une conduite, pourtant vis-à-vis d’eux je me sens un honnête homme. Et puis, je demeure tout de même le maître chez moi, sinon chez eux. Un vrai braconnier, madame Lionnelle, ce n’est pas un voleur, malgré que je vous vois rire… Depuis que je