Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/164

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Lionnelle bondit. Ou le vin d’Asti, qu’elle offrait à son hôte (qui faisait une étrange grimace en le buvant) avait grisé ce braconnier naïf ou il mentait effrontément.

— Et vous, qu’avez-vous dit, monsieur ?

— Moi, j’ai pensé qu’une duchesse qui s’amuse vaut un peu moins qu’une grue… puisque ce n’est pas le besoin qui l’y pousse.

— Brute ! cria Lionnelle en lançant le contenu de sa coupe à la face du jeune homme.

— Je vous avais prévenue que ça finirait mal, gronda-t-il, en s’épongeant la figure, et ce n’est pas moi qui fais la casse ! D’ailleurs, votre sacré vin sent l’eau de Cologne et vous avez bien raison de me vaporiser avec. Non, mais ce que vous allez me payer ça, ma jolie dame, c’est rien de le dire !

Il se leva. Lionnelle se cacha le visage dans ses mains, comme secouée d’un sanglot. Il hésita un instant, puis se rassit, dompté par la force des larmes, la douceur des plus cruelles. Cette pluie sur ce ciel de printemps l’attendrissait et comme ses yeux bleus luisaient, plus étranges derrière le halo des pierreries de ses bagues ! Où se trouvaient les diamants, où coulaient les pleurs ?