Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/166

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Lionnelle pouffa, car elle passait facilement de la colère à la gaîté !

— Pourquoi riez-vous, madame ? Après avoir fait semblant de pleurer.

— Parce que vous appelez ça l’amour ! Cette petite servante rousse ?

— Une petite servante qui se donne me paraît meilleure qu’une duchesse qui se…

Il n’acheva pas. Cette fois, il était arrêté par le seul regard clair de la femme froide, calme, le dominant de toute sa puissance surnaturelle. Elle ne jouait plus la comédie, elle donnait un ordre et il obéit, lâchement, détourna la tête.

— Sans doute… on se croit libre, on va droit à son malheur jusqu’au jour où on rencontre le bonheur, celui qui rend fou et fait oublier la vie véritable. Le pire, c’est qu’on ne peut pas se reprendre. On se sent paralysé comme dans ces cauchemars où on s’imagine qu’on tombe d’une hauteur de montagne sans jamais atteindre un fond solide, se briser une bonne fois le crâne. Madame la duchesse, puisqu’il faut vous appeler ainsi, la tête me tourne. Je me permets de vous dire que je suis com-