Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils pénétrèrent dans une salle à manger imitant une salle des gardes (à moins que ce ne fût le contraire). La table du milieu ne possédait point de couvert et, dans un angle, entre deux bosquets de légers arbustes à grappes blanches, un dîner était servi où se révélaient tous les soins d’un maître d’hôtel de premier ordre. Les gâteaux les plus appétissants et les fruits les plus rares s’amoncelaient dans le dessert ornant la table et qui ferait prendre patience à la petite fille préférant certainement les friandises aux plus substantielles viandes rôties.

Julien, malheureusement entraîné par les apéritifs variés, demanda du champagne, tout en murmurant :

— Un peu plus, un peu moins !

Et il se mit à parler très vite, très fort. Cela résonnait dans cette vaste salle, une table d’hôte sans hôte, qui tenait toute la longueur du château. Aux murs, des trophées de chasse, des armes, et si Julien avait eu tout son bon sens, il se serait demandé pourquoi la traditionnelle hure de sanglier n’était pas, selon l’usage, en carton-pâte. Il parlait d’abondance, interpellait tantôt sa femme, tantôt le maître