Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/68

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duit l’épouse jusqu’à la tombe, en passant par la vie des berceaux. » Dis donc ?… Linette chérie, nous sommes passés par les Essarts, nous, après le pont transbordeur, et non, vraiment, nous n’en sommes pas plus fiers !… Sommelier, avez-vous du marc de la Cloche, ici ?

Il n’attendit pas le marc de la Cloche. Pendant que Linette enfantait les petits fours, se résignant à ses divagations, il s’effondra, le front dans ses bras, terrassé par le sommeil.

Alors, sans bruit, deux domestiques partirent, sortis du sol, et, aidant le sommelier en question, ils emportèrent le mari de Linette comme on emporte un mort.

— Pas chez moi, cria Linette presque folle de dégoût. Pas chez moi ! je vous en supplie.

Elle resta isolée, effarée, dans cette trop vaste salle à manger. On eût dit que l’écho de son cri la pénétrait d’une horreur superstitieuse. Est-ce qu’elle se faisait la complice de quelqu’un en refusant de le soigner.

« Ton devoir te sera facile car nous connaissons la bonne affection que tu as pour lui, qui, nous l’espérons bien, sera changée en ce grand amour conduisant l’épouse jusqu’à la tombe en passant par la vie des berceaux… »