Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/43

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ré, les yeux vagues, devant son étalage.

— Monsieur désire autre chose ?

— Oui.

Et je regarde des roses blanches, des roses froides, espèces de premières communiantes, mi-fermées dans un coin de verdure.

— Auriez vous des roses plus blanches que celles-ci ?

— Oh ! Monsieur… plus blanches ? (Et il piétine, d’un doigt énorme et savant qui ne fane pas, les frêles pétales.) Ça c’est du Général Collot-Mayeux, c’est du blanc pur.

Cette idée d’appeler des roses blanches d’un nom de vieux fantassin me transporte d’indignation. Je lui réponds sèchement

— Non. Pas assez pur… et si vous n’avez que celles-là…

— Il s’agit d’un envoi pour fiancée ?

— Je tiens à des roses blanches, qui soient d’un blanc plus intense, voilà tout.

Je sens que je dis des choses ridicules et je vais certainement faire une chose plus ridicule encore.

Des heures pour dénicher une douzaine