Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de roses plus blanches qui le sont moins. Mais elles m’agréent : ce sont des fleurs couleur d’ivoire, elles ont des reflets verts comme, près des tempes, certaines jeunes filles mortes.

J’étais nerveux, maussade en les examinant, j’avais un mauvais frisson, le frisson de celui qui n’a pas dormi, la nuit précédente.

Avec mes roses d’ivoire je suis revenu chez moi, j’ai requis Joseph, mon domestique.

— Vous allez porter ces fleurs… Diable ! Attendez… je n’ai ni le nom ni le numéro… Vous êtes intelligent, Joseph ?… Écoutez-moi, dans l’angle de la rue Grégoire-de-Tours, une entrée basse, voûtée, la personne est seule sur le palier, je crois, c’est une dame, une brune, des cheveux très noirs en casque, un peu fardée, enfin, l’air d’une…

Le mot ne sort pas.

Joseph contemple la gerbe de roses dont la blancheur l’éblouit : tel un soufflet de main royale.

— Oui, Monsieur, je saisis, d’une grue ?

— J’ignore les… occupations de cette dame… et vous me feriez plaisir, Joseph, d’avoir l’air de les ignorer aussi.