Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/130

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madame Éliante ! Et vous avez eu l’audace de me les montrer ? Enlevez tout cela… vite… ôtez tout, vous m’entendez, ou je brise d’un seul coup de pied tout ce petit monde infernal. Ah ! il était propre, votre Henri Donalger. Cache cela, tu m’entends, ou c’est toi-même que je brise. J’en ai assez de toutes ces saletés.

Éliante, d’un geste vif, jeta la traîne de sa robe sur les petites déesses innocentes, puis elle murmura :

— Là, dit-elle, les pauvres enfants, ce n’est pas leur faute ! Vous eussiez préféré le mensonge du silence, Léon ?

Il réfléchit un instant, le front dans ses mains.

— Est-ce que je sais ? Vous me trahissez encore, devant moi, et… avec qui ? avec le souvenir d’un mort dont le masque hideux ferait reculer n’importe quelle femme ?

— Je ne suis peut-être pas une femme, puisque je n’ai jamais connu que ce masque d’homme.

Soudain très grave, Éliante le regardait les yeux pleins de lueurs. Elle avait bien les yeux noirs et nacrés, d’une fixité lumineuse, des petites figurines de cire.

Léon se renversa en arrière, sur la fourrure blanche du divan.