Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/46

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couteau du boucher, se ployant avec des cassures de satin. Ses pattes déliées se garnissaient de griffes d’or, très pointues ; dans sa tête de bête devenue presque humaine, quoique veloutée, resplendissaient deux yeux énormes, taillés à mille facettes, lueurs tantôt émeraude, tantôt rubis, passant de l’azur clair au pourpre sanglant.

Oh ! cette queue ondoyante repliée autour d’elle comme une torsade de joyaux !…

— Minoute ! bégaya la petite fille suppliante, ne me fais plus de mal, toi !

Minoute ronronna, désormais bonne personne… sentant une affinité poindre entre elle et sa petite maîtresse… faisant patte de velours, ayant l’air de lui dire à l’oreille :

« Si tu voulais… je t’apprendrais à griffer l’homme, l’homme qui tue les bœufs… l’homme, le roi du monde ! »