Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/51

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entre-deux de Valenciennes, faisait les honneurs, aidée de mademoiselle Tulotte. Jacquiat, le lieutenant, l’arrêtait pour lui glisser des fadeurs comme à une grande personne. Jacquiat songeait que cette conquête, plus facile à tenter que les autres, lui faciliterait un avancement rapide.

— Mademoiselle, disait-il de sa grosse voix de perroquet muant, vous avez pensé à notre voyage au Puy de Dôme dans le break de papa ?… Je vous laisserais nous conduire… Nous verserions dans un fossé et nous écraserions des Auvergnats… C’est ça qui serait drôle !… Voulez-vous ?… hein ?

Mary, sentant toute la dignité de son rôle, répondait par une inclination de la tête, imitant sa mère, dédaigneuse et polie, son œil bleu gardant son indifférence pour l’inférieur qu’elle ne voulait pas favoriser au détriment du voisin.

En réalité, elle préférait Courtoisier ; il lui envoyait des dattes, et sa moustache élégante avait un tour très particulier.

Quand Mary allait se coucher, elle saluait du seuil, les mains réunies sur sa bouche gracieuse, mais pas réchauffée encore, ne trouvant pas son camarade parmi ces uniformes qui blessaient sa vue couleur de ciel. Peut-être son camarade aurait-il été celui qui, sans s’occuper du chef, serait tout d’un coup monté sur une table pour exécuter des tours de force.

Mademoiselle Tulotte, à son aise dès que Mary était sortie, faisait circuler de nouveaux plateaux ;