Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’impératrice. Elle créait des modes en province, initiait les officiers d’ordonnance aux secrets de ses poudres de riz et ne jurait que par madame de Metternich, sa marraine, dont elle portait la couleur, au bal, un vert intense résistant aux lumières. Jane d’Apreville, à Clermont, dans ce grand cirque entouré de montagnes, imaginait des folies que les régiments de son père admiraient.

Nul doute que si la petite madame Marescut se fût permis des fantaisies de ce genre, on aurait fait permuter son mari ; mais Jane d’Apreville était la loi et les prophètes. À part le comte de Mérod, le lieutenant-colonel, très en dehors des opinions reçues, les hussards, l’infanterie, le génie ne tarissaient plus d’éloges. On citait, par exemple, l’escapade du théâtre : elle était allée seule, un soir que l’on jouait de l’Offenbach, dans une loge de face, ayant pour tout chaperon son nègre Jolicœur. Une autre fois, elle avait suivi une revue de son père, à cheval, une toque ornée de trois étoiles sur la tête, et elle avait chassé le renard, l’hiver dernier, en compagnie d’un prince russe, dans une propriété qui n’appartenait pas au général.

De là un procès dont le père lui-même s’amusait comme d’un bon tour joué aux bourgeois d’Auvergne. Elle faisait, du reste, profiter le haut commerce de ses extravagances et devait, disait-on, des sommes à sa couturière.

Ce fut dans les salons de l’hôtel du Cours, que Mary fit ses débuts mondains. Jane d’Apreville, à