Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/65

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son. Ces messieurs de l’escadron des célibataires se prêtaient volontiers aux commissions du départ quand ils n’étaient pas de semaine, ils allaient chez l’une et chez l’autre, fournissant leurs ordonnances, mais ne portant jamais un paquet, car, l’honneur de l’uniforme avant tout !

Il fallait être le comte de Mérod pour oser risquer le parapluie en pleine tournée d’inspection, alors qu’un général pouvait se trouver à tous les coins des rues !

La veille de l’embarquement, l’usage était d’offrir un punch aux habitants de la ville avec lesquels on était en relation de camaraderie, et le colonel prononça vers la fin de ce punch un speech vraiment très remarquable.

Il parla de la prospérité de la France, de la grandeur du règne de Napoléon III, des guerres prochaines, de l’esprit de corps qui est si nécessaire entre les chefs… Comme il fallait varier à cause des bourgeois, il lança une allusion aux mœurs hospitalières du pays. On se serrait les mains, on s’accolait.

Pagosson offrit, de son côté, une canne d’honneur au patron du café des officiers. Ce brave Pagosson regrettait de toute son âme une ville où on n’avait qu’à déposer un oiseau mort dans une fontaine pour en retirer huit jours après un objet d’art, presque aussi pétrifié que son propriétaire[1].

  1. La fontaine de Saint-Allyre, une des curiosités de Clermont-Ferrand.