Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À Dôle, le colonel Barbe et sa famille s’installèrent d’abord dans un hôtel, en attendant de trouver leur logement définitif. La ville leur parut de sombre aspect, sans promenades gaies, sans figures avenantes, sans jardins et sans soleil. Leur première journée de débarquement se passa dans une pluie torrentielle. Il y avait des pavés pointus qui écorchaient les pieds, les rues étaient étroites comme des corridors.

Quand ils avaient fait leur entrée à l’hôtel du Chevalier, le meilleur, un garçon leur avait dit qu’on n’aimait pas le hussard à Dôle et qu’on y était très dévot.

Il ne fallait point songer aux maisons des environs ; des environs, il n’y en avait pas autour de cette ville dont les murs se collaient les uns contre les autres. Après huit jours de recherches minutieuses le colonel découvrit enfin, dans la rue de la Gendarmerie, une espèce de vieille demeure à l’espagnole avec des grilles renflées par le bas, pour permettre à quelques fuchsias en pots de se tenir.

Comme colonel il ne pouvait pas non plus se loger partout, certain quartier lui était interdit, presque toujours les quartiers où on aurait pu trouver des jardins. Il envoya son planton, sur la mine honnête de cette maison, demander le nom du maître.

Le soldat rapporta une réponse catégorique.

— La propriétaire est une vieille machine aussi, et elle ne veut pas d’officier chez elle.