Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/76

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chatte contre elle avec une ivresse poussée jusqu’à la souffrance.

Lorsque les ordonnances apportèrent le punch dans la jatte d’argent qu’on avait trouvée derrière le dressoir de la salle à manger et qu’ils flanquèrent la jatte de douze petits verres de cristal noirâtre, taillé en biseau comme des diamants, le délire fut à son comble. De Courtoisier bondissait, saisi d’une rage que la présence de son colonel ne maîtrisait pas ; ce n’était plus un hussard, mais un possédé ; il tiraillait les soieries, dérangeait les meubles, ouvrait les bahuts, faisait des « oh ! sacrebleu ! quelle aiguière ! » « Ah !… Messieurs, regardez-moi ce coffre de mariage ! » Pagosson, lui, examinait certaines colonnes torses pour essayer d’en fabriquer de pareilles ; les très jeunes lieutenants ajustaient les étriers arabes ou mettaient au vent des flamberges monstres.

Le colonel se frottait les mains.

— Allez, allez, mes enfants, répétait-il ahuri de son propre succès, je vous ménageais une surprise. Pardieu !… On a du flair ! je m’y connais… tiens !… Un Normand comme je suis, c’est la finesse en personne !… Quand j’ai voulu mon logement… je le voulais… je l’ai… nous l’avons !… quelle noce, mes enfants !

Tulotte, en jupe de soie brune, avec sa crinoline, ses bandeaux plats et son teint olivâtre, errait de fauteuil en fauteuil, navrée de ces joies malsaines… Ce n’était pas elle que la friperie dériderait jamais,