Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/94

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— Hum !… hum ! mon cher locataire !… murmura-t-elle, ceci est une grave accusation. Je tiens Anatole pour un digne serviteur ; oui !… oui ! je vous le répète, un digne serviteur. Il a quarante-deux ans, un âge déjà respectable… jamais on ne l’entend dire un mot déplacé ni faire une allusion aux femmes. Il ne sort pas ou presque pas… Monsieur le colonel… vous les avez vus ?…

Le colonel était comme sa fille : il ne savait pas mentir.

— Vus… non…, mais on les a vus… une personne digne de foi !

— Quelle personne, encore ?…

Et mademoiselle Parnier respira.

— Une enfant dont l’innocence aurait pu être ternie par ce spectacle… Heureusement que Mary n’a rien compris, mais je désire…

— Ah ! Monsieur Barbe !… votre fille !… et vous voulez que je chasse un excellent sujet parce que cette enfant, qui nous a tous en horreur, à cause de la mort d’un sale chat, les a vus… Et qu’a-t-elle vu ?… je vous le demande…

— Mademoiselle, je réponds de ma fille comme de moi-même… ses explications ne me laissent aucun doute !… Dieu merci, elle n’a pas trop vu pourtant… quand une femme est sur son lit… qu’un homme !…

Mademoiselle Parnier se leva, majestueuse :

— Colonel… (et elle dit colonel tout court, car elle était hors d’elle), je vous défends d’en ajouter davantage. Je ne dois pas savoir ce qu’ils faisaient, je