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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/39

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bien d’autres chocs spirituels… Ici, c’est le souvenir grotesque de la tête que j’avais sous les lauriers du collège. Là, c’est la transparente photographie de mes péchés de libertin… Il y a un mystère dans cette poursuite du miroir, dans cette chasse à l’homme coupable dirigée contre moi seul ! — (Il rêve un moment, puis reprend, s’animant de plus en plus.) Contre moi seul ?… Mais non ! Croyez-le, mère, ceux qui voient bien sont aussi épouvantés que moi. En somme, sait-on pourquoi ce morceau de verre qu’on étame prend subitement des profondeurs de gouffre… et double le monde ? Le miroir, c’est le problème de la vie perpétuellement opposé à l’homme ! Sait-on au juste ce que Narcisse a vu dans la fontaine et de quoi il est mort ?…

la mère (frissonnant) : Oh ! Sylvius ! Tu m’effrayes, maintenant. Ce ne sont donc pas des contes à dormir debout que tu me fais ? Est-ce que… sincèrement, tu penses à ces choses ?