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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/71

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le maudit (titubant un peu et se baissant pour allumer une lanterne) : Hein ! quand je vous le disais ! Personne ! Ces endroits-là sont toujours vides, la nuit… l’humanité ne s’occupant de Dieu, que lorsqu’elle ne peut pas faire l’amour. (Il secoue ses guenilles en riant d’un rire triste.)

la prostituée (d’un ton énervé, serrant son châle de deuil sur sa robe de satin rouge) : Tais-toi ! Ce n’est pas le moment de plaisanter. Moi, je déteste les maisons dont les plafonds sont… au diable !

le juif (ôtant son bonnet de peau de lièvre) : On doit toujours le respect, ça n’engage à rien.

le maudit (d’une voix navrée) : Vous êtes des animaux immondes, et pourtant vous êtes plus en sûreté que moi, ici : vous ne croyez pas.

(Tous les trois se dirigent vers l’autel et le maudit place la lanterne sur la balustrade du chœur.)