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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/73

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le maudit (relevant la tête fièrement) : Quel capon oserait se mesurer avec Dieu ?… Oui, je veux le voler ; seulement, je tiens à le combattre. C’est ici la forêt où je détrousserai loyalement, après avoir exposé mes raisons. Je parlerai très haut, dussiez-vous ne pas m’écouter, vous, les brutes. (Il fait un bond et saute dans le chœur en passant par dessus la balustrade. Machinalement la prostituée s’agenouille, pendant que le juif examine le fléau de ses balances. Le maudit reprend d’un ton grave en s’adressant au tabernacle.) Mon Dieu, je suis la proie que vous amènent les bêtes de proie ; mais, en galant homme qui désire égaliser les chances de ce duel fabuleux, je vais compter mes griefs ; de votre côté, préparez vos foudres, je ne vous violenterai pas en plein sommeil. Oh ! ma vie est bien nue, Roi des rois ! Si vous n’avez pas souvenir de mes misères, je vous les apporte. Jugez ! Maudit par mon père