Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/350

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un peu railleusement, la fin de sa phrase, mais resta prosterné.

Paul prit le revolver qu’il examina l’œil sournois.

— Ils sont vilains, tes accessoires ! (Il ajouta, très correct :) Je vous assure, mon cher, que vous avez eu tort de massacrer votre favori ; ça ne me rend pas le mien !

— Oh ! je t’en prie, fit sourdement Reutler, toujours à genoux, quitte ce ton cérémonieux ! Je t’ai donné des coups de canne… oui… oui… Je me le rappelle… j’aurais dû les distribuera mon chien, j’ai eu tort de battre celui-ci et de tuer celui-là, il y a eu méprise… je l’avoue… Déguise-toi en homme si cela t’amuse et… fiche-moi la paix avec tes allures solennelles, elles m’assassinent…

Paul lui mit le revolver sur la tempe.

— Veux-tu que je t’achève par bonté d’âme ?

— N’hésite pas ! Tu es incontestablement le plus fort, maintenant, et je préfère la mort à la vie que je mène ! Je n’ai peur que de la vie. ;.

Paul ôta le revolver et posa sa bouche à la place.

— Non ! Non ! cria Reutler, j’aime mieux l’autre… l’autre est plus pure, l’autre ne baise pas les femmes, rends-moi l’autre, puisque Je te dis que je préfère mourir…

Il voulut lui arracher l’arme et Paul n’eut que le temps de sauter en arrière.

— Alors, qu’est-ce que tu veux que je devienne ? gémit le jeune homme. On me tue mes paons, on me tue mes chiens, et les filles me haïssent à cause de ta présence sacrée ! Pas même une silhouette de groom ! Est-ce que tu t’imagines que je peux vivre de cette vie-là, moi aussi ? Fai-