Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/351

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sons nos conditions, mon grand ! Je te rends le revolver, c’est-à-dire tes droits à me châtier, seulement livre-moi la servante qui se moque de ton serviteur, tu sais ! Faut que je la viole… Si elle crie, ça m’ennuiera… j’ai la terreur du bruit, des égratignures et puis de tes sermons. Tu es vraiment méchant, toi, pour les bébêtes qui s’émancipent.

— Comment, ricana Reutler ? Ce roman n’est pas terminé ? Où avez-vous l’esprit, don Juan ? Vous êtes encore sa sœur ?

Paul frappa du pied.

— Ah ! m’exaspère pas, hein ? La fille… ou je casse tout.

— Voyons, Éric ? Est-ce que, réellement, Marie n’est pas ta maîtresse ?

— Non ! À mon tour, j’avoue.,.

Reutler se releva, très étonné.

— Un cas pathologique, cette fille !

— Dis-lui, de ma part, ou de la tienne, que ça ne peut pas durer plus longtemps, scanda Paul qui crispa ses mains dont les ongles tranchants pénétrèrent dans le bras de son aîné. Dis-lui… comme au chien ! Tu es brutal, toi, fais mon office… Elle est ici pour mous obéir, non pour nous humilier ! Elle t’aime, je la veux ; après, je serai guéri de toutes les femmes, je crois ! Elle est trop toquée de l’hercule celle-là, ça m’agace, moi, qui suis faible. Enfin, arrange-toi pour l’introduire dans mon lit… sans qu’elle me crève les yeux.

— Du calme ! Du calme ! Ne te mets pas en colère. Tu vas te faire du mal ! Eh ! mon Dieu, tâche de l’attendrir en l’aimant davantage.

Paul blêmit,