Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/370

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— Tu as des idées sur la pudeur, toi ! s’écria Reutler se révoltant.

— Oui, je trouve que la pudeur est une chose encombrante ! (Et il le regarda sous le rideau de ses cils baissés.) Depuis Jane Monvel, je me défie beaucoup des vierges ! Ça ne sait rien et ça vous à des prétentions stupides… Donc, nous nous affichions sur les terrasses de Rocheuse. Elle me disait des choses dans le genre de celle-ci : « Et si vous m’épousiez, puisque vous m’aimez ? » La douche, quoi ! Je la contemple ébahi. Une servante, une incendiaire ayant un pareil toupet, c’était admirable ! Le coup de la promesse en mariage et du grand chambardement des familles, à moi, un mineur !… Très froidement, je m’éloigne. Elle me rattrape et s’humanise naturellement. Je le traite de… je passe l’expression, t’aimes pas ces mots-là ! Elle se fâche et me déclare le dernier des misérables. Je prends de plus en plus mes distances. Nous rentrons, elle m’embrasse à pleins bras devant Jorgon, qui tousse pour ne pas voir, et elle me confie, à l’oreille, que puisque je lui ai coupé ses cheveux, je dois les lui remplacer par une couronne. (Il pouffa.) Non ! la vois-tu, à Paris, dans le salon de notre hôtel, recevant la comtesse de Crossac et lui disant : « Ma chère ? » Nous arrivons chez elle où j’ai la bonté de lui expliquer qu’un tortil n’est pas une couronne, puis je lui demande si on se mariera à l’église ? Enfin, elle me montre ses seins. (Reutler tressaillit.) Je l’attendais là. Moi, les histoires de mariage, ça ne m’excite pas du tout. Je lui réponds en imitant la voix de mon ancien groom. Célestin