Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/228

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— Ce sont des vers, madame ? demanda le père Tranet, ébloui.

— Si vous voulez ! répliqua Mme Désambres souriante.

Il y eut un concert de louanges.

— Oh ! c’est vraiment bien fabriqué ! déclara maman Caroline, très flattée de la diversion.

Louis se taisait.

— On ne saurait nous bafouer avec plus de talent, songeait-il.

La société se retira. Il était six heures. Le déjeuner dînatoire avait duré la moitié de la journée.

— Allons ! dit joyeusement Mme Désambres, il ne faut pas dédaigner mon souper, qui est servi pour les bons époux, à la villa de marbre. Je vous amène, nous serons en famille.

M. Rampon sortit, écœuré… Décidément, cette espèce de femme-garçon machinait des vilaines intrigues, à ses moments perdus ! Et, puisqu’elle n’invitait pas un médecin, c’est qu’elle avait peur d’une surveillance…

Le souper de Mme Désambres se composait de pâtisseries extraordinaires et de vins d’Espagne. Elle fit de la musique pendant que Tranet débouchait les flacons comme chez lui. Louis lui murmurait de doux reproches aux oreilles, blotti près du piano et guettant sa femme.

— Tu gâteras tellement Louise, que nous ne pourrons plus l’éloigner. Tu n’es pas aimable, pour moi, ce soir.

— Mon cher, je crois que je te déteste.

— Moi, je t’adore !

Tout à coup, Louise tomba dans un fauteuil, elle s’était approchée et elle avait entendu.