Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par les poignets, je la dresse, debout, en face de moi :

— Madame Pauline Vallier, osez donc me regarder dans les yeux ! Ce que vous dites est abominable et c’est vraiment d’une autre impudeur que celle du portrait ! Il est possible que vous ne m’aimiez plus, que vous ne m’ayez même jamais aimé, je finis par le croire depuis que vous êtes ici, mais, moi, je prends le droit du plus… fort, de celui qui aime toujours pour vous défendre d’insulter l’amour, ma passion, sur ce ton de bourgeoise en visite chez un notaire. La raison, le droit, l’oubli ? En vérité, vous auriez mieux fait de m’envoyer un avocat ! Au moins j’aurais pu casser la figure à quelqu’un !

Je suis hors de moi, absolument.

Elle tremble, ses yeux sont fixes, vitrés sous une terreur secrète. Oui, vraiment, cette femme a horreur de moi. Elle a commencé par le ton mondain, très froidement poli. À présent, elle va, certainement, me cracher toutes les injures. Ah ! pourquoi est-elle revenue ? Il lui était si facile de m’écrire ces choses… Mais non, ça ne s’écrit pas, ces choses, quand on a peur de l’homme.

— Alain, lâchez-moi ! J’avais confiance dans le calme retrouvé loin de vous. Je croyais qu’il en était de même à votre sujet.