Vous riez ! Écrivez qu’elle a ri.
Monsieur, ne parlons pas de maris à des filles ;
Voyez-vous, ce sont là des secrets de familles.
Mettez qu’il interrompt.
Prends bien garde, ma fille, à ce que tu diras.
Là, ne vous troublez point. Répondez à votre aise.
On ne veut pas rien faire ici qui vous déplaise.
N’avez-vous pas reçu de l’huissier que voilà
Certain papier tantôt ?
Oui, monsieur.
Bon cela.
Avez-vous déchiré ce papier sans le lire ?
Monsieur, je l’ai lu.
Bon.
Que mon père ne prît l’affaire trop à cœur,
Et qu’il ne s’échauffât le sang à sa lecture.
Et tu fuis les procès ? C’est méchanceté pure.
Vous ne l’avez donc pas déchiré par dépit,
Ou par mépris de ceux qui vous l’avaient écrit ?
Monsieur, je n’ai pour eux ni mépris ni colère.
Écrivez.
Elle répond fort bien.
Pour tous les gens de robe un mépris évident.
Une robe toujours m’avait choqué la vue ;
Mais cette aversion à présent diminue.
La pauvre enfant ! Va, va, je te marîrai bien,
Dès que je le pourrai, s’il ne m’en coûte rien.
À la justice donc vous voulez satisfaire ?
Monsieur, je ferai tout pour ne vous point déplaire.
Monsieur, faites signer.
Soutiendrez-vous au moins vos dispositions ?
Monsieur, assurez-vous qu’Isabelle est constante.
Signez. Cela va bien, la justice est contente.
Çà, ne signez-vous pas, monsieur ?
À tout ce qu’elle a dit, je signe aveuglément.
Tout va bien. À mes vœux le succès est conforme :
Il signe un bon contrat écrit en bonne forme
Et sera condamné tantôt sur son écrit.
Que lui dit-il ? Il est charmé de son esprit.
Adieu. Soyez toujours aussi sage que belle :
Tout ira bien. Huissier, remenez-la chez elle ;
Et vous, monsieur, marchez.
Où, monsieur ?
Suivez-moi.
Où donc ?
Vous le saurez. Marchez, de par le roi.
Comment !
Scène VII.
Quel chemin a-t-il pris ? la porte ou la fenêtre ?
À l’autre !
Et pour le père, il est où le diable l’a mis.
Il me redemandait sans cesse ses épices[1],
- ↑ Épices, de species, drogues. Nos anciens écrivains l’ont employé dans le sens de dragées et confitures. De là vient, suivant Ménage, qu’on appelle épices l’argent que prennent les juges pour les jugements des procès : car, anciennement, les parties qui avaient obtenu gain de cause faisaient présent à leurs juges de dragées et de confitures.