parmi les incestes, les parricides, et toutes les autres horreurs qui composent l’histoire d’Œdipe et de sa malheureuse famille.
- ÉTÉOCLE, roi de Thèbes.
- POLYNICE, frère d’Étéocle.
- JOCASTE, mère de ces deux princes et d’Antigone.
- ANTIGONE, sœur d’Étéocle et de Polynice.
- CRÉON, oncle des princes et de la princesse.
- HÉMON, fils de Créon, amant d’Antigone.
- OLYMPE, confidente de Jocaste.
- ATTALE, confident de Créon.
- un soldat de l’armée de Polynice.
- un page.
- gardes.
ACTE PREMIER.
Scène première.
Ils sont sortis, Olympe ? Ah, mortelles douleurs !
Qu’un moment de repos me va coûter de pleurs !
Mes yeux depuis six mois étaient ouverts aux larmes,
Et le sommeil les ferme en de telles alarmes !
Puisse plutôt la mort les fermer pour jamais,
Et m’empêcher de voir le plus noir des forfaits !
Mais en sont-ils aux mains ?
Je les ai vus déjà tous rangés en bataille ;
J’ai vu déjà le fer briller de toutes parts ;
Et pour vous avertir j’ai quitté les remparts.
J’ai vu, le fer en main, Étéocle lui-même ;
Il marche des premiers ; et d’une ardeur extrême,
Il montre aux plus hardis à braver le danger.
N’en doutons plus, Olympe, ils se vont égorger.
Je l’attends. Juste ciel, soutenez ma faiblesse !
Il faut courir, Olympe, après ces inhumains ;
Il les faut séparer, ou mourir par leurs mains.
Nous voici donc, hélas ! à ce jour détestable
Dont la seule frayeur me rendait misérable !
Ni prières ni pleurs ne m’ont de rien servi :
Et le courroux du sort voulait être assouvi.
Ô toi, soleil, ô toi qui rends le jour au monde,
Que ne l’as-tu laissé dans une nuit profonde !
À de si noirs forfaits prêtes-tu tes rayons ?
Et peux-tu, sans horreur, voir ce que nous voyons ?
Mais ces monstres, hélas ! ne t’épouvantent guères :
La race de Laïus les a rendus vulgaires ;
Tu peux voir sans frayeur les crimes de mes fils,
Après ceux que le père et la mère ont commis.
Tu ne t’étonnes pas si mes fils sont perfides,
S’ils sont tous deux méchants, et s’ils sont parricides :
Tu sais qu’ils sont sortis d’un sang incestueux,
Et tu t’étonnerais s’ils étaient vertueux.
Scène II
Ma fille, avez-vous su l’excès de nos misères ?
Oui, madame : on m’a dit la fureur de mes frères.
Allons, chère Antigone, et courons de ce pas
Arrêter, s’il se peut, leurs parricides bras.
Allons leur faire voir ce qu’ils ont de plus tendre ;
Voyons si contre nous ils pourront se défendre,
Ou s’ils oseront bien, dans leur noire fureur,
Répandre notre sang pour attaquer le leur.
Madame, c’en est fait, voici le roi lui-même.
Scène III
Olympe, soutiens-moi ; ma douleur est extrême.
Madame, qu’avez-vous ? et quel trouble…
Quelles traces de sang vois-je sur vos habits ?
Est-ce du sang d’un frère ? ou n’est-ce point du vôtre ?
Non, madame, ce n’est ni de l’un ni de l’autre.
Dans son camp jusqu’ici Polynice arrêté,
Pour combattre, à mes yeux ne s’est point présenté.
D’Argiens seulement une troupe hardie
M’a voulu de nos murs disputer la sortie :
J’ai fait mordre la poudre à ces audacieux ;
Et leur sang est celui qui paraît à vos yeux.
Mais que prétendiez-vous ? et quelle ardeur soudaine
Vous a fait tout à coup descendre dans la plaine ?