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ANDROMAQUE

235Hector en profita[1], Seigneur ; et quelque jour
Son fils en pourroit bien profiter à son tour.

ORESTE.

Ainsi la Grèce en vous trouve un enfant rebelle ?

PYRRHUS.

Et je n’ai donc vaincu que pour dépendre d’elle ?

ORESTE.

Hermione, Seigneur, arrêtera vos coups :
240Ses yeux s’opposeront entre son père et vous.

PYRRHUS.

Hermione, Seigneur, peut m’être toujours chère ;
Je puis l’aimer, sans être esclave de son père ;
Et je saurai peut-être accorder quelque jour[2]
Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour.
245Vous pouvez cependant voir la fille d’Hélène :
Du sang qui vous unit je sais l’étroite chaîne[3].
Après cela, Seigneur, je ne vous retiens plus,
Et vous pourrez aux Grecs annoncer mon refus.


Scène III.

PYRRHUS, PHŒNIX.
PHŒNIX.

Ainsi vous l’envoyez aux pieds de sa maîtresse !

PYRRHUS.

250On dit qu’il a longtemps brûlé pour la princesse.

PHŒNIX.

Mais si ce feu, Seigneur, vient à se rallumer ?
S’il lui rendoit son cœur, s’il s’en faisoit aimer ?

  1. Allusion à la colère d’Achille, qui est le sujet de l’Iliade.
  2. Var. Et je saurai peut-être accorder en ce jour. (1668-76)
  3. Hermione était fille de Ménélas, frère d’Agamemnon ; Agamemnon était père d’Oreste.