Page:Racine - Œuvres, t4, éd. Mesnard, 1865.djvu/275

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moyen d’apaiser le jeune Racine ; et même ils le regagnèrent tellement que jusqu’à sa mort il a été un de leurs plus zélés partisans. » Louis Racine dit au contraire : « Le Port-Royal garda toujours le silence, et ne fit aucune démarche pour la réconciliation. Mon père fit lui seul dans la suite toutes les démarches que je dirai. » Brossette avait été certainement induit en erreur par les journalistes de Trévoux, qui les premiers avaient avancé, nous l’avons vu ci-dessus[1], que Nicole avait regagné Racine. Jean-Baptiste Rousseau avait averti Brossette qu’il s’était laissé induire en erreur ; et son témoignage, bien antérieur à celui de Louis Racine, peut, malgré quelques inexactitudes, servir à le confirmer. Voici ce que, dans la lettre du 4 décembre 1718, déjà citée plus haut, il écrivait à Brossette, qui lui avait annoncé avoir entre les mains une copie de la seconde lettre de Racine : « Je n’avois point approuvé que vous eussiez fait revivre la première, que M. Racine avoit pris tant de soin de supprimer après sa réconciliation. Mais puisque ce pas est fait, autant vaut que vous donniez encore la seconde, pourvu que vous avertissiez le public que ce ne fut point Messieurs de Port-Royal qui cherchèrent à apaiser leur nouvel antagoniste, mais M. Despréaux qui lui fit honte de l’ingratitude qu’il marquoit pour des gens à qui il devoit son éducation, et qui lui fit envisager le péril où il s’exposoit en attaquant une compagnie de théologiens qui l’accableroit de volumes, dès qu’elle viendroit à le déterrer, et l’obligeroit de renoncer pour sa défense à une occupation plus convenable à son génie que le genre polémique. M. Racine se rendit ; il se dénonça lui-même, et donna toute sorte de marques de repentir à M. Arnauld, qui lui pardonna ; mais la Mère Angélique n’a jamais voulu le voir depuis ce temps-là. » Il se peut que Rousseau ait été bien informé sur un des points où il diffère de Louis Racine ; nous n’avons du moins aucun moyen de contrôler la manière dont il rapporte les conseils de Boileau, qui aux raisons de sentiment en aurait, selon lui, ajouté quelques autres d’intérêt bien entendu ; mais il doit confondre les époques lorsqu’il place à ce moment la réconciliation avec Arnauld[2] ; et il se

  1. Page 263, note 2.
  2. Il y a toutefois sur la date de la réconciliation de Racine avec