Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/419

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la suite de l’éloge de cet académicien[1]. « On ajoute, dit d’Alembert[2], qu’aidé de Racine, il (l’abbé Regnier) en avait fait de semblables sur l’Épître de Charles Perrault. » Nous ne pensons pas que d’Alembert, qui ne paraît nullement sûr du fait, ait connu, au sujet de ces remarques, pour lesquelles Racine aurait aidé le secrétaire perpétuel, un autre témoignage que celui de l’abbé d’Olivet. Ce témoignage est, il faut le dire, donné en des termes assez vagues. A la suite de ses Remarques de grammaire sur Racine (Paris, 1738), d’Olivet a fait imprimer (p. 122-148) l’épître de Perrault et la critique de cette épître. Lorsque M. Perrault « fut content de son ouvrage, dit-il[3], il en fit imprimer quarante copies, pour en distribuer à tous ses confrères, afin que chacun en son particulier se donnât la peine de l’examiner. Une de ces copies est heureusement parvenue jusqu’à moi, avec des remarques manuscrites, où je soupçonne l’abbé Régnier, et Racine lui-même, d’avoir eu bonne part. » D’où venait à d’Olivet ce soupçon, en ce qui concerne Racine ? Il ne le dit pas. Sur la copie qu’il a eue entre les mains quelques-unes des remarques étaient-elles de l’écriture de Racine ? Cette écriture n’est pas difficile à reconnaitre. Pourquoi donc l’abbé d’Olivet n’est-il pas plus affirmatif, s’il a eu sous les yeux la plus simple et la plus irrécusable de toutes les preuves ? Et comment ne nous a-t-il pas mis à même de distinguer les notes de Régnier de celles de Racine, comme il a dû le faire lui-même d’après la différence des deux écritures, si en effet il y en avait deux ? Mais nous ne savons s’il est très-vraisemblable que sur un même exemplaire de l’Épître de Perrault, deux académiciens aient mêlé leurs remarques, lorsque chaque membre de la Compagnie avait, suivant l’usage, reçu le sien pour y consigner séparément ses observations. Les notes attribuées par d’Olivet à l’abbé Régnier et à Racine sont quelquefois piquantes ; les intentions satiriques y abondent ; ce serait bien loin d’être une raison de croire que Racine n’y a pas eu de part, si quelques traits de cette ironie ne visaient bien haut pour laisser reconnaitre une main prudente, par exemple dans la remarque 16 sur l’expression vengeur des rois. Racine n’aurait-il pas hésité à mesurer avec tant de rigueur et tant de malice le droit que Louis XIV pouvait avoir à cette épithète ? Dans plusieurs passages de cette Critique de l’Épître

  1. Éloge de Régnier Desmarais, p. 281-284.
  2. Ibidem, p. 214.
  3. Page 121.