Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/420

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on peut dire que la gloire du Roi, telle au moins que la comprenait la flatterie de ce siècle, est à peu près aussi chicanée que le style de Perrault. Il est permis d’hésiter avant d’attribuer à Racine cette hardiesse, et un choix si extraordinaire du sujet de ses épigrammes. Il n’a pas échappé à d’Alembert, à propos de la remarque 4, qu’il est difficile de la croire de notre poëte, puisqu’il aurait manqué de mémoire en critiquant une pensée qu’il avait lui-même exprimée d’une manière analogue dans son discours à la réception de l’abbé Colbert, et qui y était sujette aux mêmes objections. Plusieurs des reproches faits au style de Perrault ont été notés par d’Alembert, et, ce nous semble, avec raison, comme manquant de justesse dans leur sévérité : Racine avait d’ordinaire le goût plus sûr. En résumé, il y a bien des raisons de douter qu’il ait eu quelque part à cette critique. Luneau de Boisjermain (tome VI, p. 436) s’est contenté de la signaler et de renvoyer au livre de l’abbé d’Olivet, sans la reproduire dans son édition ; Geoffroy l’a omise également. Peut-être ont-ils bien fait. Mais les éditeurs de 1807 l’ont insérée dans leur Supplément aux Œuvres de Racine (tome VII, p. 43-58) ; et M. Aimé-Martin a suivi leur exemple. Pour être plus rigoureux qu’ils n’ont été, il nous eût fallu avoir plus que des doutes, cet écrit étant d’ailleurs assez court.


ÉPITRE AU ROI
pour être placée en tête du dictionnaire de l’académie
PAR CHARLES PERRAULT[1].

Sire,

Le Dictionnaire de l’Académie françoise paroît enfin1 sous les auspices de Votre Majesté2, et nous avons osé mettre à la tête de notre ouvrage le nom auguste3 du plus grand des rois. Quelques soins que nous ayons pris d’y ras-

  1. Nous donnons cette Épître et la Critique d’après le texte de d’Olivet mentionné dans la Notice. Les chiffres de renvoi placés dans l’Épître correspondent aux chiffres des remarques dont se compose la Critique.