Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/436

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duction véritable, est le Banquet. Racine n’avait pourtant traduit que par complaisance, et comme à regret, ce dialogue de Platon ; mais il n’était pas dans ses habitudes de s’acquitter avec négligence, même d’une tâche dont il ne se chargeait pas sans quelque répugnance et quelques scrupules ; et d’ailleurs, quelque impatience que lui causât l’entreprise où on l’engageait, une fois aux prises avec l’éloquence de Platon, comment ne l’eût-elle pas bien inspiré ? Il fit donc un travail digne de sa plume si élégante ; mais il ne le livra pas à l’impression ; et ce fut seulement trente-trois ans après sa mort qu’une indiscrétion le révéla au public. En 1732, un volume in-12 fut imprimé sous ce titre : Le Banquet de Platon. Traduit un tiers par feu M. Racine, de l’Académie françoise, et le reste par Madame de ***. A Paris, chez Pierre Gandouin Libraire, Quay des Augustins, à la Belle Image. Au commencement du volume est une Épître à Monsieur le marquis de Grave, signée Bousquet ; il y est dit vers la fin : « Tels sont les vœux… que je me crois heureux de publier à la tête d’un manuscrit qui me tomba, il y a plus de vingt ans, entre les mains, parmi d’autres écrits d’une dame très-illustre, dont le nom, si j’osois le déclarer, n’orneroit pas peu cet ouvrage. » On sait que Bousquet, l’éditeur pseudonyme, n’était autre que l’abbé d’Olivet. Après l’Épître vient un court Avertissement, où cet éditeur s’exprime ainsi : « Pour mettre les lecteurs au fait, je n’ai qu’à rapporter une lettre de M. Racine à M. Despréaux. Cette lettre est du 18 décembre ; mais l’année n’y est pas marquée. Il seroit aussi difficile d’en deviner la date précise, qu’inutile de la savoir au juste. » D’Olivet donne ensuite le texte de la lettre, que l’on trouvera plus loin, avant celui du Banquet, p. 451-453.

Le même abbé d’Olivet avait déjà parlé de la traduction du Banquet dans son Histoire de l’Académie françoise (voyez, dans sa Notice sur Jean Racine, sa Réponse à M. de Valincour) : « J’ai eu la curiosité, dit-il, de parcourir ce qui reste de ses papiers (des papiers de Racine) dans sa famille. Il n’y a rien qui puisse être publié. Ce sont des collections d’Homère et de Sophocle, avec de petites notes à son usage. C’est une traduction du Banquet de Platon ; mais il en manque la moitié. » Dans une petite note de l’édition de 1743, il ajouta : « On a