Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/437

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imprimé à Paris, en 1732, un petit volume intitulé : le Banquet de Platon, traduit un tiers par feu M. Racine et le reste par Madame de ***. Cette dame est l’illustre Marie-Madeleine-Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, abbesse de Fontevrault, morte en 1704. » Les éditeurs de 1807 (Œuvres de Racine, avec le commentaire de la Harpe) ont recueilli dans les papiers de Jean-Baptiste Racine des renseignements curieux, qui complètent l’histoire de la publication de 1732, et qui nous instruisent de ce que d’Olivet n’a pas dit. Voici comme ils parlent (tome V, p. 369) dans leur Avertissement sur le Banquet de Platon : « Cette traduction n’était pas destinée à voir le jour, encore moins à paraître sous le nom de Racine. Elle s’était trouvée à sa mort parmi ses papiers, et était restée entre les mains de ses enfants. Jean-Baptiste Racine nous apprend comment elle en est sortie. Dans ses notes manuscrites sur la vie de son père, qui ont servi à Louis pour rédiger les Mémoires publiés en 1747, il déclare qu’en 1732 l’abbé d’Olivet, étant un jour venu le trouver chez lui, mit la main dans ses tiroirs, s’empara du manuscrit du Banquet de Platon, et, sans son aveu, le porta aussitôt chez un libraire du quai des Augustins pour le faire imprimer. A ce manuscrit était jointe la lettre à Boileau… » Avant l’année 1732, d’Olivet connaissait les papiers de Racine, et y avait remarqué la traduction du Banquet ; car la première édition de son Histoire de l’Académie, où il en parle, est de 1729. Mais cela n’infirme aucunement le témoignage de Jean-Baptiste Racine, et prouve seulement que lorsque d’Olivet fouilla dans les tiroirs, il savait déjà (depuis plus de vingt ans, dit-il lui-même) ce qu’il y trouverait, et avait, après réflexion, changé d’avis sur le peu d’intérêt qu’il avait trouvé d’abord à publier le Banquet.

Ce qui est moins facile à expliquer, après la révélation que les éditeurs de 1807 nous ont faite des notes manuscrites de Jean-Baptiste Racine, c’est la manière dont son frère parle du Banquet dans ses Mémoires. Il rapporte la traduction que Racine en fit au temps de son enfance, lorsqu’il étudiait à Port-Royal (voyez notre tome I, p. 211). Puis, faisant probablement réflexion que le style de ce morceau pourrait sembler bien étonnant chez un écolier, même quand cet écolier était Racine, il ajoute dans une note (ibidem, note 3) : « S’il n’a