Aller au contenu

Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bérénice

Mais… Achevez.

Titus

Mais… Achevez. Hélas !

Bérénice

Mais… Achevez. Hélas ! Parlez.

Titus

Mais… Achevez. Hélas ! Parlez. Rome… L’empire…

Bérénice

Hé bien ?

Titus

Hé bien ? Sortons, Paulin, je ne lui puis rien dire.


Scène V.

BÉRÉNICE, PHÉNICE.
Bérénice

Quoi, me quitter ſi-tôt, et ne me dire rien !
Chère Phénice, hélas, quel funeſte entretien !
Qu’ai-je fait ? Que veut-il ? Et que dit ce ſilence ?

Phénice

Comme vous, je me perds d’autant plus que j’y penſe.
Mais ne s’offre-t-il rien à votre ſouvenir,
Qui contre vous, Madame, ait pû le prévenir ;
Voyez, examinez.

Bérénice

Voyez, examinez. Hélas, tu peux m’en croire ?
Plus je veux du paſſé rappeller la mémoire,
Du jour que je le vis juſqu’à ce triste jour,
Plus je vois qu’on me peut reprocher trop d’amour.
Mais tu nous entendois. Il ne faut rien me taire ;
Parle. N’ai-je rien dit qui lui puiſſe déplaire ?
Que ſais-je ? J’ai peut-être, avec trop de chaleur,
Rabaiſſé ſes préſens, ou blâmé ſa douleur…