Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont elle était l’objet, c’était à lui d’en détruire l’effet. Sous l’empire de cette logique de la passion, il appliqua ses premiers soins à découvrir l’auteur des rapports parvenus à son père, et crut reconnaître son délateur dans le moine qui lui avait parlé sur la route de la villa Altieri, quoiqu’il ne pût concilier ce double rôle d’espion et de diffamateur avec la bienveillance apparente des avis qu’il avait reçus.

Cependant le cœur d’Elena, partagé entre l’amour et la fierté, était loin d’être tranquille et, si elle eût été instruite de la scène qui s’était passée entre le marquis et son fils, un juste sentiment de sa dignité l’eût décidée à étouffer une passion naissante ; mais la signora Bianchi, en l’instruisant du sujet de la dernière visite de Vivaldi, avait un peu atténué les circonstances qui pouvaient la révolter. Elle s’était contentée de lui avouer que les parents du jeune comte se résoudraient difficilement peut-être à approuver son union avec une personne d’un rang inférieur. Elena n’en fut pas moins choquée à l’idée d’entrer clandestinement dans cette noble famille ; mais la vieille dame, que ses infirmités croissantes engageaient à presser les résolutions de sa nièce et qui avait lu dans le cœur de celle-ci, se promit de faire tous ses efforts pour vaincre certaines réticences que l’amour l’aiderait d’ailleurs à ébranler.

Vivaldi, le soir même de son entrevue avec son père, était retourné à la villa Altieri, non pas pour donner une sérénade mystérieuse à sa maîtresse, mais pour causer ouvertement avec la tante qui le reçut cette fois d’une manière plus affable. En voyant quelques